La phobie sociale est une peur massive, excessive, et durable, du rapport à l’autre. Elle correspond précisément à la peur intense et persistante du jugement de l’autre dans toute situation où l’on est vu ou entendu, que ce soit par un seul individu, quelques-uns, un grand groupe ou, à l’extrême, un public entier.

Plus qu’une appréhension à l’idée de se confronter à une situation banale, la phobie sociale se traduit par une réelle anxiété handicapante. La personne phobique est tendue, soucieuse, stressée, incapable de se raisonner ou de relativiser. Elle anticipe les situations qu’elle redoute bien à l’avance et lorsqu’elle s’y confronte, peut être prise de crises de panique plus ou moins paralysantes : mains moites, accélération du rythme cardiaque, rougissements, tremblements, perte de mémoire...

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Il existe trois genres de phobiques sociaux. Les plus nombreux sont ceux qui craignent avant tout le regard de l’autre, le jugement, la critique, et par extension, le rejet. Mais on trouve aussi certains sociophobes dont la peur est surtout celle de l’hostilité, de l’agressivité. Pour eux, le problème se situe moins dans le jugement qu’ils portent sur eux-mêmes que dans la vision qu’ils ont du monde et des autres. Enfin, il y a ceux qui redoutent l’intimité, le contact physique, le rapprochement. Ces derniers sont moins nombreux à basculer de façon intense dans la phobie, ils peuvent même interagir normalement, mais ne laisser personne pénétrer leur cercle intime.

Les origines de la phobie sociale
Comme dans la plupart des troubles, la phobie sociale n’est pas la conséquence d’une cause unique, mais résulte d’une association de facteurs. Les uns liés à la personnalité et au tempérament, les autres aux expériences et évènements de la vie. Il n’y a pas un tempérament spécifique qui prédispose clairement à la phobie sociale. Mais les personnes nées avec une tendance introvertie ou hypersensible y sont davantage sujettes. Par ailleurs, on retrouve chez les concernés des traits de caractères communs, tels que l’inhibition ou le perfectionnisme. Elles sont généralement très exigeantes vis-à-vis d’elles-mêmes, et, supportant mal le fait d’échouer dans leurs relations aux autres, tombent souvent dans la dépréciation ("je suis nul(le)", "Je n’y arriverai jamais"...) Leur sens de l’autocritique est acerbe.

Pour ces personnalités plus vulnérables, c’est lorsque viennent s’ajouter une attitude éducative peu encourageante et/ou un événement traumatique que le risque de basculer dans la phobie sociale devient alors très fort. L’exemple donné par les parents, et les informations qui en découlent, sont autant de petits facteurs qui peuvent favoriser le développement de la phobie sociale. C’est notamment le cas des familles qui vivent repliées sur elles-mêmes, n’invitent jamais personne, n’envoient pas leurs enfants en colonies de vacances... Au même titre qu’une expérience traumatisante survenue dans l’enfance ou l’adolescence. (il ne s’agit pas forcément d’un événement majeur. Il peut s’agir d’une moquerie en classe, d’une chute en public, d’une situation d’injustice...)

Vivre dans la peur de l’autre
Les conséquences de la phobie sociale deviennent surtout visibles au début de l’âge adulte. Lorsqu’il n’est plus possible de contourner les situations sociales parce que les parents ne font plus liaison avec le reste du monde. À l’âge où l’on commence à construire sa vie, à mener ses études, à se faire des amis, à développer sa vie amoureuse, puis professionnelle... Le sociophobe va alors rapidement avoir tendance à éviter les situations sociales, ou à les écourter le plus possible. De quoi continuer d’éroder sa confiance en lui, et l’isoler.

Il arrive que la phobie ne touche pas tous les domaines de la vie. Certaines personnes ne semblent être affectées que dans le cadre professionnel. Le jugement de l’autre sur leur travail, ou leur personne dans le cadre du travail, leur est insoutenable. Elles seront incapables de prendre la parole en réunion, ou d’aller demander une augmentation. Ça ne les empêchera pas de travailler, mais d’avoir une vie professionnelle épanouissante. Les statistiques montrent que les personnes souffrant de phobie sociale n’atteignent pas le niveau professionnel qu’elles pourraient espérer, et qu’elles vivent souvent seules. Peur, honte, colère, état de tension permanent ... sont les émotions pénibles et douloureuses qui jalonnent leur quotidien.

Surmonter la phobie sociale
Le phobique social a souvent un discours intérieur très auto-accusateur. Il guette la moindre de ses erreurs. En situation sociale, il est tiraillé entre sa peur, et son autocritique. Il n’en profite donc jamais. Dans ces circonstances, aucune expérience ne peut lui être bénéfique, et lui servir d’encouragement pour la suivante. La première étape vers la guérison est donc l’acceptation. Le piège qui leur est souvent tendu est celui de la rationalisation, qui consiste à se dire "Ce n’est pas plus mal ainsi, je suis très bien tout seul, les autres ne valent pas le coup..." Apprendre à s’aimer, à voir ses qualités, apprendre à poser un regard bienveillant sur soi-même pour accepter de s’exposer à celui de l’autre.

source: psychologies.com